jeudi 11 avril 2013

Etats-Unis vs. Chine : la bataille des géants pour le contrôle de l’argent ne fait que commencer

Vous trouverez ci-dessous un article de l'excellent Cyrille Jubert qui officie maintenant pour la quotidienne d'agora.

Cet article est un historique du marché de l'argent qui permet de constater que les Etats Unis font tout pour contrôler le cours de l'argent et le maintenir bas au contraire de la Chine, qui fait tout pour posséder un maximum de métaux précieux.


L’or est de manière évidente monétaire, mais le silver aussi et de façon “systémique”. Le métal blanc qui a été l’étalon monétaire universel pendant 6 000 ans et que l’oligarchie bancaire s’acharne à contrôler avec succès depuis la bataille de Trafalgar, est en train de faire sauter le couvercle de la marmite.

Les Etats ont cessé de frapper des pièces d’argent pour les monnaies divisionnaires dans les années 1960, anticipant un accroissement du déficit entre production minière et consommation industrielle. Ce déficit sur les marchés a été comblé pendant des années par la vente des anciennes réserves monétaires détenues par les Etats.

Ces réserves ont été intégralement détruites par l’industrie, notamment depuis que l’informatique et l’électronique sont devenues omniprésentes dans notre vie quotidienne. L’argent étant le meilleur conducteur parmi tous les métaux, il est utilisé dans tout ordinateur, téléphone, gadget, automobile, etc. Il est également indispensable dans les cellules photovoltaïques, marché en pleine expansion, et de plus en plus utilisé par l’industrie pharmaceutique, car les colloïdes d’argent sont les plus puissants des antibiotiques.

L’augmentation de la production minière ces dernières années n’a pas permis de répondre à la demande.

La manipulation à la baisse des cours de l’argent est désormais avérée.

Pour maîtriser les cours de l’argent, l’oligarchie bancaire a lancé en 2006 des ETF Argent. Les investisseurs voulant investir dans l’argent physique sans pour autant avoir à transporter des kilos de métal, achetait des parts de lingots en Bourse, qu’ils pouvaient revendre aisément. Ces ETF ont rencontré un énorme succès.

En théorie, les banques émettrices détiennent des centaines de millions d’onces en stock, mais en théorie seulement. Comme pour l’or, la trésorerie des investisseurs a été détournée. Au lieu d’acheter des lingots d’argent, et donc de peser à la hausse sur les cours du métal, les banques gardiennes de ces trésors, HSBC et JP Morgan, ont manipulé les cours à la baisse. Elles ont vendu de l’argent-papier, du silver-virtuel, sur le Comex et le marché de Londres, pour faire baisser le prix de ce métal rare et précieux. Ces banksters ont ainsi vendu à découvert 5 années de production sous forme de produits dérivés, qu’ils sont absolument incapables de livrer.

L’argent issu de la production minière provient à 70% du raffinement de minerais brut de cuivre, de zinc, de plomb ou d’or. Lorsque la Chine a commencé à s’ouvrir sur le monde extérieur après la rencontre Mao/Nixon/Kissinger, les banquiers du monde ont investi dans ce pays neuf, créant ex-nihilo des ports minéraliers flambant neufs, dotés des raffineries les plus modernes, qui ont permis à la Chine de se tailler la part du lion dans le raffinage. L’industrialisation de la Chine lui a permis de devenir l’atelier du monde, tant et si bien que l’empire du Milieu est en passe de devenir la première puissance mondiale.

La Chine, payée en monnaie de singe, entre en scène.

Depuis 1971, la Chine vend aux Occidentaux des produits finis contre du dollar, la monnaie internationale. Mais depuis la visite de Nixon, cette monnaie n’a cessé de se dévaluer. Exprimé en or, le dollar d’aujourd’hui vaut 45 fois moins que celui de 1971 ; les Chinois ont donc été payés en monnaie de singe.

La Chine qui exportait encore 4 800 tonnes d’argent en 2006 va devenir importatrice nette dès l’année suivante pour importer 3 500 tonnes en 2010.

En mars 2009, avant la réunion du G20, le gouverneur de la Banque centrale chinoise, la BPoC, a publié un essai sur les souhaits de la Chine en matière de système monétaire international, dénonçant l’échec du système actuel et regrettant que le bancor proposé à Bretton Woods n’ait pas été exploré depuis lors.

Ce rejet de l’hégémonie monétaire américaine va se transformer rapidement en guerre monétaire entre les BRIC et Washington. En août 2009, la Chine annonce qu’elle autorise à faire défaut sur les produits dérivés occidentaux, qu’elle considère comme frauduleux. Le silver est au coeur du problème.

En septembre 2009, le gouvernement chinois va autoriser ses ressortissants à thésauriser en métaux précieux et lancer une campagne de communication poussant l’argent dont le prix est extrêmement bas par rapport à l’or. La Chine a ensuite interdit l’exportation de l’argent ce qui va provoquer quelques mois plus tard l’explosion à la hausse des cours du silver, mettant JP Morgan en difficulté.

La Chine, qui avait annoncé qu’elle voulait avoir son mot à dire quant au prix des matières premières, a atteint l’un de ses objectifs.

Pour mémoire, en janvier 2011, Xia Bin, alors membre du comité monétaire de la Banque centrale chinoise, dans une interview citée par Bloomberg, a déclaré : “la Chine doit augmenter ses réserves d’or et d’argent”.

Il me semble important de faire le rapprochement de cette déclaration avec les voeux de la Chine en matière de système monétaire, d’autant plus qu’elle a été la dernière puissance à abandonner l’étalon argent. La politique américaine de Roosevelt sur l’argent en 1934 avait provoqué un krach monétaire en Chine, amenant à une dictature d’abord au communisme ensuite.

Article original ICI.

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